Récemment, à l’occasion d’un projet d'hommage par la ville d’Arcueil, Erik Satie a été traité, entre autres, "d’ivrogne et de communiste" par un élu FN .
(N.B. Pour ceux qui auraient raté cet épisode, vous pouvez visionner la chronique de François Morel sur France Inter qui a trouvé le ton juste pour l'évoquer. http://www.erik-satie.com/francois-morel-con-darcueil-traita-erik-satie-divrogne-communiste/ )
A ce réquisitoire accablant, il faudrait aussi ajouter que la musique de Satie cultive à plaisir l’ambiguïté. En voici un exemple :
Ses compositions ont souvent un caractère modal. C’est le cas, par exemple, de deux de ses œuvres les plus connues, La Gnossienne #1 et la Gymnopédie #1.
Observons les modes utilisés par le compositeur :
Le début de la Gnossienne #1
Est construit sur le mode suivant :
Dans les 2 cas le compositeur joue sur les ambiguïtés entre IVè et Ier degré.
Cette démarche fonctionne d’autant mieux que :
—le mode majeur produit des accords majeurs sur le Ier comme sur le IVè degré
—le mode mineur produit des accords mineurs sur le Ier comme sur le IVè degré
Cette équivoque entre tonique et IVè degré produit un effet de flottement, de suspension, de clair obscur, propice au rêve, et au sein duquel se développe l’imagination du compositeur.
J’espère, avec ce blog, avoir moi aussi démontré que Satie ne méritait pas l’hommage qu’on voulait lui rendre, lui qui a déclaré avec humour:
Il ne suffit pas de refuser la Légion d’Honneur, encore faut-il ne pas l’avoir méritée.